LANCEMENT DU MEMORIAL SIDA A LA CHANDELLE 2009 (Suite)
Après un roulement de tambours et au son d’une trompette, une voix de stentor annonça la présence de la Reine Marie-Louise de Haïti et Sa Suite. La foule, éberluée, a assisté à l’arrivée du prestigieux cortège qui est descendu des marches du Palais jusqu’à la scène centrale. Des applaudissements nourris et répétés ont crépité pour saluer ces personnages historiques, particulièrement la Reine, incarnée par Ranya Dérose. Ils étaient tous somptueusement vêtus en costumes d’époque, créés par la styliste Madeline Ledan, qui a aussi habillé Emeline, les musiciens, les choristes… Soudain, roulements de tambours, son de lambi: silence dans l’assistance avec l’apparition du Roi Henry Christophe, en la personne du poète écrivain Jean-Claude Chéry, qui descendit majestueusement les escaliers du Palais jusqu’au podium, avec une allure altière, royale, imposante et fière. Ce fut un moment-clé quand Henry Christophe fit un discours galvanisant et décréta «l’année 2009 Année Zéro Sida et ce, pour toutes les années à venir». Le public resta d’abord pétrifié, stupéfait, ne sachant plus s’il s’agissait d’un rêve ou du retour physique du Roi, et se ressaisit ensuite pour réagir aux paroles et à la présence du Roi Henry par des applaudissements interminables et des cris d’allégresse.

Emeline Michel revint sur scène, accompagnée des choristes, un trio sublime, pour interpréter avec des accents poignants «Shane», chanson composée avec Hansy Peters que l’assistance a eu l’opportunité de redécouvrir. En même temps, quatre danseurs allumèrent l’énorme cierge central sur la scène et ce fut la transmission de la lumière à toutes les bougies qui avaient été distribuées au public. Moment de communion et de partage très intense, très fort, qui a duré quelques bonnes minutes, alors que l’assistance reprenait en chœur le refrain de cette belle chanson de louange, d’espoir et de solidarité. Le spectacle a été clôturé avec un Rara, danse de fête et d’allégresse, en présence de la Cour du Roi… Malgré l’annonce de la fin de la soirée, amputée de tous les discours officiels programmés, le public est resté debout, sur place, espérant une prolongation de ce spectacle inoubliable.

C’est vraiment dommage que toute cette énergie n’ait pas été concentrée vers un seul événement dont Haïti aurait été l’unique bénéficiaire.

Remerciements au Comité Organisateur qui a eu l’idée de produire cet évènement au Palais Sans Souci, comme pour conjurer le spectre du Sida, malgré une faible évaluation de tout ce qu’implique une telle réalisation, ainsi que des conditions difficiles et précaires qui prévalent sur ces lieux d’une rare beauté.

Félicitations aux Productions Yole Dérose qui, en l’espace de quelques heures, grâce à la magie de la création artistique, dans le cadre féérique de ce site historique, ont reconstruit pour nous le pont avec notre passé en espérant que, dans cette ère de changement, ce lien nous aidera à faire un bond vers un futur meilleur, à la dimension titanesque de nos ancêtres.

Et si les Artistes, les Créateurs, les Indomptables n’existaient pas ?...
Patrick D. Pierre